Les mécanismes de la crédulité, Paris / Genève, Éd. Droz, 2006.

La crédulité est un phénomène qui, tout en étant relativement commun, pose un considérable problème explicatif. Comment est-il possible de considérer comme vrai quelque chose qui est pourtant littéralement incroyable ? Ce livre, après avoir exposé les explications proposées par la philosophie, la psychologie sociale et l’anthropologie, explore de nouvelles pistes. L’hypothèse est que ce sont les mécanismes mêmes qui ont été sélectionnés pour que nous pussions bénéficier d’une représentation véridique du monde qui, dans certaines conditions, s’engrènent de manière à nous faire accepter ce qui devrait faire l’objet d’un filtrage cognitif. Après avoir posé les bases d’un modèle explicatif, Fabrice Clément propose de l’appliquer à différents types d’exemples : la publicité, la croyance aux extra-terrestres et l’adhésion aux sectes.






Le monde selon John Searle, Paris, Éd. du Cerf, 2005.

John Searle est un des plus grands philosophes contemporains. Tout au long d'une trajectoire intellectuelle originale, il a forgé des concepts analytiques ingénieux dont la portée dépasse le cadre de la philosophie puisqu'il vise à inscrire dans une même armature naturaliste le langage, l'esprit et la société. Il manquait au lecteur curieux un guide susceptible de l'orienter dans cette oeuvre, plus complexe qu'il n'y paraît. Un des objectifs du Monde selon Searle est précisément d'introduire et d'illustrer, dans un langage accessible aux non-spécialistes, l'architecture conceptuelle et les enjeux de ses réflexions. Mais il ne s'agit pas seulement d'un ouvrage introductif; Laurence Kaufmann et Fabrice Clément adoptent une posture critique par rapport à un système de pensée fondamentalement individualiste qui fait du monde social et du rapport à autrui une option facultative.




(Eds) L'inconscient académique (avec M. Roca, F. Schultheis, M. Berclaz), Zurich, Seismo (2007).

Le monde académique tend à adopter une position «en surplomb», seule en mesure d’appréhender les choses et les tres avec un regard objectif et détaché. Cette posture, déjà critiquée par l’épistémologie des sciences dites «dures», est encore plus suspecte au sein des sciences humaines. En fait, comme le souligne Pierre Bourdieu dans ce livre, de nombreuses déterminations pèsent sur les «producteurs d’objectivité». Les esprits disciplinés par l'Ecole ont en commun des schèmes cognitifs «scolastiques» qui ont été intégrés au cours de leur longue scolarisation: l’inconscient académique. Pour Bourdieu, la seule manière de prendre conscience des déterminants implicites de la démarche objectivante consiste à mettre en oeuvre une socio-analyse collective qui permette aux disciplines académiques et aux traditions nationales de se confronter et de s’éclairer mutuellement. Les contributions originales d'Olivier Christin, Christophe Charles, Aaron Cicourel et Jacques Bouveresse ont été rédigées dans cet esprit, premiers pas vers la constitution d’un «intellectuel collectif» suffisamment réflexif pour transcender les barrières disciplinaires et historiques.





(Eds) Cognition, Culture and Society. Some viewpoints of cognitive scientists (avec L. Kaufmann), Intellectica (2007cyb).

Ce numéro d'Intellectica se propose de réinterroger le lien entre la culture et la cognition en dépassant les oppositions ontologiques et méthodologiques qui ont jusqu’ici rendu le dialogue entre les sciences sociales et les sciences cognitives improbable, sinon impossible. Avec Dilthey, en effet, les sciences sociales ont assimilé sciences de l'esprit et sciences de la culture : l'esprit, loin de renvoyer à une réalité fondationnelle, extra-sémiotique, dont les lois seraient naturelles et universelles, prend corps grâce aux formes culturelles d'une société donnée. Dans la mesure où les «objets» culturels dont traitent les sciences de l'esprit et de la culture ont une ontologie historique, leur objectivité n’est pas à rapporter à un substrat physique. Dans sa version culturaliste radicale, le constructivisme ne se contente pas de dénier toute pertinence à la distinction entre nature et culture, esprit et institution: la socialisation perceptive et cognitive est conçue comme un dispositif d'inculcation qui fait de l'esprit individuel le relais passif des totalités culturelles dans lesquelles il est d'emblée immergé. L'étude de la cognition est par conséquent abandonnée aux sciences cognitives, qui tendent à ramener l’esprit aux frontières matérielles des cerveaux individués.
A l'inverse, l’approche naturaliste délaisse la complexité des systèmes culturels pour se focaliser sur les invariants cognitifs, dont les pouvoirs causaux seraient du même type que ceux étudiés par les physiciens ou les chimistes. Elle tend ainsi à réduire le rapport au monde du sujet pratique aux interactions causales entre un organisme et son environnement, et les processus cognitifs à des mécanismes universels de détection et de traitement de l'information. Dans sa version « éliminativiste » radicale, le naturalisme se considère comme une entreprise de salubrité épistémologique, dénonçant les extravagances ontologiques et les imprécisions interprétatives des sciences de la culture au nom de la rigueur explicative et de la méthodologie expérimentale propres aux sciences exactes. Toutefois, à l’interface des recherches menées par ceux qui visent à montrer la manière dont les formes culturelles organisent notre appréhension du monde et celles qui ont pour objectif de mettre à nu les mécanismes cognitifs indispensables à l’acquisition d’une culture, un espace de réflexion et de rapprochement est en train de se dessiner. Une volonté de comprendre les modalités d'acquisition de la culture ainsi que le mode d'articulation entre capacités cognitives et formes symboliques se dessine peu à peu, comme en témoignent les contributeurs à ce numéro d’Intellectica.

Table des matières (ordre et titres des contributions provisoires) :
• Clément, F. & Kaufmann, L. « Paths toward a naturalistic approach of culture»
• Tomasello M. & Rakoczy H. « What makes human cognition unique? From individual to shared to collective intentionality»
• Guillo, D. «Is cultural evolution analogous to biological evolution. A critical review of memetics »
• Harris, P. L. & Abarbanell, L., Pasquini, E. S. & Duke, S. « Imagination and testimony in the child construction of reality»
• Servais, V. « The report and the command : the case for a relational view in the study of communication»
• Zlatev, J. « Intersubjectivity, mimetic schemas and the emergence of language »
• Nisbett, R. & Masuda, T. « Culture and point of view »
• Quéré, L. « How could trust be restored to nature »
• Astuti, R. «Weaving together culture and cognition: an illustration from Madagascar»
• Hirschfeld, L. « Folksociology and the cognitive foundations of culture »
• Conein, B. « Group Patterns, Joint Action and Social Cognition: the Simmelian hypothesis »
• Kaufmann, L. & Clément, F. « How Culture Comes to Mind: From Social Affordances to Cultural Analogies»
• Valsiner, C. « Returning to the Future of Psychology: Cultural psychology and the study of mental self-regulatory processes »






(Eds) La sociologie cognitive (avec L. Kaufmann), Paris: Orphys/Maison des Sciences de l'Homme (2011).

De plus en plus de sociologues admettent que leur discipline ne peut continuer à évoluer sans tenir compte du développement considérable des sciences de la cognition. Par contre, il n'existe pas d'accord sur ce que pourrait étre l'objet d'une sociologie cognitive. Cet ouvrage vise à proposer un panorama raisonné des différentes manires de concevoir un champ de recherche en gestation. Avec des contributions de Raymond Boudon, Gerard Bronner, Aaron Cicourel, Fabrice Clément, Bernard Conein, Asia Friedman, Christophe Heintz, Bernard Lahire, Cyril Lemieux, Patrick Pharo et Louis Quéré.







Champéry, été 1863, Martigny, Presses du centre rhodanien, 2004.

Ce livre est né d’un défi : comment « déplier » une culture, une histoire, de façon imagée et captivante, en un espace spatio-temporel restreint ? La solution choisie est la bande dessinée. Fabrice Clément a ainsi imaginé pour le célèbre dessinateur Cosey un scénario qui contient, discrètement, un très grand nombre d’informations sur la manière dont les habitants du val d’Illiez vivaient autrefois. Grâce au mystérieux retour au village de Gustin, fabuleux personnage historico-imaginaire né vers 1780, contrebandier puis mercenaire au service de Napoléon, c’est tout un monde définitivement disparu qui se déploie devant le lecteur. Les images de Cosey illustrent avec un grand talent documentaire et artistique ce que nous savons du Champéry d’autrefois. Le récit est complété par une série de textes documentaires rédigés par Fabrice Clément.