Chercheur en sciences sociales, Fabrice Clément est né à Champéry, village touristique situé en Valais (Suisse) qui deviendra la toile de fond de la bande dessinée ethnographique intitulée Champéry 1863. Assez rapidement conscient du caractère relatif de ce qui va de soi pour les uns et les autres, il tente de comprendre comment nous « absorbons » les croyances et les valeurs de notre monde social de référence.

Après avoir obtenu une licence en anthropologie et sociologie à l’Université de Lausanne, il approfondit ses compétences conceptuelles et analytiques à Genève, où il obtient une licence en philosophie. Grâce à Joëlle Proust, professeure invitée à Genève, il mesure l’intérêt des sciences cognitives pour son sujet d’étude. Il part alors étudier à Paris (École Polytechnique, EHESS et École Normale), où il obtient un DEA en sciences cognitives.

C'est avec Pascal Engel que Fabrice Clément analyse conceptuellement la notion de croyance. Il étudie ensuite, sous la direction de Dan Sperber, les mécanismes psychologiques et sociaux qui sous-tendent les phénomènes de crédulité. Cette réflexion constitue le corps de la thèse de doctorat en Philosophie et Sciences Sociales qu'il effectue à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales ; ce travail est à la source de son livre Les mécanismes de la crédulité.

Fabrice Clément décide ensuite de donner un tour plus empirique à ses recherches et émigre aux Etats-Unis pour un séjour de plus de trois ans. À Berkeley, il s’initie avec Alison Gopnik à la psychologie du développement, qu’il conçoit comme une forme de « philosophie empirique ». Puis, au sein du programme « Culture et Cognition » de l’Université de Michigan, il travaille avec Lawrence Hirschfeld, Richard Nisbett et Henri Wellman à la conception d’outils théoriques et empiriques permettant de construire des liens entre les sciences sociales et les sciences cognitives. Enfin, à l’Université de Harvard, il entame une collaboration avec Paul Harris et Melissa Koenig, avec lesquels il publie plusieurs articles basés sur ses propres travaux expérimentaux sur la crédulité, la confiance et le témoignage.

De retour en Suisse, Fabrice Clément enseigne à l’Université de Genève et de Neuchâtel tout en intensifiant une collaboration de longue date avec la sociologue Laurence Kaufmann. Ensemble, ils publient un livre sur le philosophe américain John Searle, Le monde selon John Searle. Par ailleurs, ils créent un laboratoire de recherche dédié à la « sociologie naïve », c’est-à-dire aux différentes compétences cognitives qui nous permettent de nous adapter à notre environnement social.

Les réflexions de Fabrice Clément prennent ainsi de plus en plus la forme d’une « socio-anthropologie cognitive ». S’inspirant de la philosophie de l’esprit, des neurosciences et de la psychologie, il propose une nouvelle manière de poser et d’investiguer certaines notions clés des sciences sociales, telles que la diffusion de croyances, l’adhésion à des systèmes de représentations, l'inculcation des règles ou, plus généralement, les processus de socialisation. Depuis le 1er novembre 2010, Fabrice Clément est professeur ordinaire et co-directeur du Centre de Sciences Cognitives de l’Université de Neuchâtel.